• Avis sur L’Age d’or de Bertrand Schefer

     

    La brièveté n'enlève rien à la qualité. Le premier roman de Bertrand Schefer est là pour le confirmer. Moins de cent pages lui suffisent pour bâtir un récit complexe et pour développer une réflexion profonde sur l'être et le temps, un sujet à la mesure de cet auteur, philosophe, spécialiste et traducteur de Giacomo Leopardi.

    Du poète italien, on retrouve l'angoisse du néant ainsi que les envolées lyriques et les sursauts d'espoir. Le héros, une sorte de dandy paumé, erre entre Paris et Londres dans la quête d'un idéal inaccessible - le fameux "Age d'or" qui prend tantôt la forme de l'amour, tantôt celle de la réussite sociale - mais sombre dans le doute et l'asservissement à ses pulsions.

    Un sentiment de latence mais aussi de fuite du temps domine cette histoire sombre, dans laquelle l'identité du narrateur semble se dissoudre : le "je" devient "il", la perception se déforme, laissant progressivement place aux sensations et aux impressions. La structure, qui alterne ellipses et retours en arrière, participe à une confusion générale : une manière habile de traduire la folie qui gagne peu à peu l'esprit du personnage. L'écriture, sensuelle et fluide, accompagne cette rêverie embrumée dans un flot continu, dense et poétique.

    Vapeurs d'alcool et brouhaha urbain, la lecture de 'L'Age d'or' ressemble à une nuit d'ivresse dont on ne sort pas totalement indemne.

     

    L’Age d’or de Bertrand Schefer,

    Editeur : Allia
    Publication :20/8/2008

     

     

     

     

     

     


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