• Avis sur : La constance du jardinier (The Constant Gardener) - John Le Carré - 2001

    L'histoire : Tessa Quayle, jeune avocate et femme d'un diplomate anglais stationné à Nairobi au Kenya, est retrouvée morte, assassinée, près de sa Jeep au Nord du pays près du lac Turkana. Tessa avait suivi son mari, Justin Quayle, lorsqu celui-ci a été affecté au haut commissariat britannique qu'il représente au C.E.D.A.O., un organisme chargé de contrôler l'action humantaire en Afrique. Alors que son mari essaie difficilement de se faire à la société de ce pays, Tessa est scandalisé par la misère l'entourant, et elle va militer activement aux côtés de membres d'ONG et dénoncer divers pratiques dans une série de documents qu'elle adresse au ministère britannique. Justin est persuadé que ce sont ses activités qui ont conduits sa jeune épouse à la mort. Pendant que le corps diplomatique essaie d'enterrer Tessa en même temps que les rumeurs courant sur son compte, Justin redresse la tête. Ce garçon effacé oublie sa nonchalance pour marcher sur les traces de sa femme et faire la lumière sur sa mort. Tessa, toujours en guerre ouverte contre cette Angleterre qui ferme les yeux sur les morts qu'on ramasse à la pelle au Kenya.
    Tessa était surtout en train d'étudier les pratiques d'une société pharmaceutique qui teste les effets d'un médicament qui a été testé sur les populations kenyanes, surtout concernant le Dypraxa, un antituberculeux qui décime des cobayes ignorants. Tessa va souffrir pour l'Afrique, pour toutes ces femmes manipulées par les consortiums pharmaceutiques brassant des milliards de dollars. Justin marchera dans les pas de Tessa. Jusqu'aux derniers.

    La constance du jardinier est surtout un roman d'initiation d'un homme ordianire, largement passé à côté de sa vie, qui va tenter de rattraper le temps en poursuivant les travaux de sa jeune épouse défunte, qui, il s'en rend compte, ne connaissait que trop peu. Il va se faire une vie d'espion, d'homme traqué qui va le mener sur les traces des manipulations des sociétés pharmaceutiques, combat dont dès le début, on sait, qu'un seul homme ne pourra en venir à bout. Il va petit à petit retrouver Tessa, lumineuse et secrète, même si celle-ci va être assassinée dès le début du roman.

    Deux points à dire sur ce roman. En général le roman m'a beaucoup déçu. Premièrement, si John Le Carré est sans conteste un grand écrivain (voir Retour de service) , et il le prouve ici encore, il n'empêche que le rythme de ce livre est beaucoup trop lent. On s'y ennuie beaucoup. Les personnages sont très bien développés, surtout celui de Justin Quayle, c'est d'ailleurs là le seul grand intérêt du roman, mais ils évoluent dans une intrigue très peu passionnante. On attend sans cesse que cela commence, mais cela n'arrive pas. Tout est lent. Pourtant l'intrigue ne manque pas d'intérêts. Et puis, le sujet du livre. John Le Carré a décidé de s'attaquer à l'industrie pharmaceutique et ses pratiques peu avouables. On sait bien que des médicaments sont testés sans sécurités sur des populations démunies en Afrique. Les études sont dirigés en fonction de l'attrait financier et non en fonction d'autre chose. La démarche de John Le Carré est donc tout à fait louable, et ce qu'il décrit est très réaliste. Et c'est d'ailleurs le'un des rares livres que je connaisse à traiter ce sujet, sans rentrer dans des divagations de tout genre. Donc bravo! Cependant, il aurait pu aller beaucoup loin. Il y a pire que le cas fictif décrit dans ce livre, et bien pire. Connaissant très bien le sujet, je regrette ce manquement par rapport au sujet. Trop pris par ses personnages, John Le Carré aurait dû, selon moi, plus pousser encore dans la critique.

     

    Donc en résumé il s'agît d'un livre qui a des qualités, mais sans plus.

     

    La constance du jardinier (The Constant Gardener) - John Le Carré - 2001